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La toile se lève; j'écoute attentive ces beaux vers concis et fermes que j'entend plus facilement que la langue parlée: c'est de la sculpture grecque et romaine. Dans les drames d'Alfieri, que j'appellerai volontiers stoïques, à force de sobriété dans l'action et de laconisme dans le language, l'attendrissement vous saisit, pour ainsi dire, à votre insu, il s'impose à grands traits par quelques figures, personnifiant avec simplicité des sentiments éternels. Dans l'Oreste, c'est Électre qui s'empare d'abord de notre âme. Son deuil filial, son angoisse incessante pour un frère qu'elle retrouve, mais quie l'assasin triomphant de leur père convoite et menace, soutiennent l'action jusqu'au quatrième Acte. Alors l'action éclate effrayante et sublime; elle vous associe à tous les combats et à tous les déchirements des passions humaines: c'est comme une mêlée éperdue d'instincts et de douleurs contraires Ce quatrième acte de l'Oreste d'Alfieri est une des plus belles chose que j'aie vues au théâtre; en l'écoutant je songeais au querelles puériles d'écoles, aux injustices et aux aveuglements réciproques des deux camps qui parquent le sublime dans un moule prescrit arbitrairement. Le sublime fond sur nous comme un oiseau divin; il s'abat d'en haut, il nous emporte sur ses ailes qui frémissent e qui planent; nous nous abandonnons à son impérieuse ascension, insoucieux de la forme et de la couleur de ses plumes: ainsi fit la foule ce soir là. (it) |