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Il manque seulement une sexologie « révolutionnaire » ; peut-être parce qu'un système scientifique de la sexualité se confond toujours avec la défense d'un ordre moral précis, tandis qu'une pensée contestatrice n'a pas de modèle d'ordre à proposer, mais des formes d'ordre à abattre ; et, là où le savoir bourgeois voit des commandements de la « Nature », elle dénonce les lois inqualifiables qu'une part de l'humanité fait peser sur elle. La sexologie construit une pyramide des phénomènes sexuels. Toutes les conduites sexuelles sont en effet évaluées comme « techniques de gestion », les unes aberrantes (elles dilapident le capital pulsionnel), les autres recommandables (elles font fructifier avec orthodoxie la corporéité du sujet). La sexualité est ainsi comprise en fonction d'un seul critère : sa rentabilité. En cela, la sexologie copie à la fois les valeurs de la morale bourgeoise et celles qui servent à mesurer la santé d'une entreprise capitaliste. Ce mode d'appréciation refuse la notion de jouissance gratuite (et, faute de pouvoir la nier, il la stigmatise moralement). (pt) |