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La vue, par suite, ne nous offre pas seulement comme des images muettes, flottant quelque part en l'air, dans l'intervalle qui s'étendrait entre le réel et nous. Les sons et les couleurs ne composent pas non plus comme une pellicule sensible qui, dans son indigence, réclamerait, semblable à la matière des Anciens, une forme intellectuelle pour la penser et la déterminer, tandis que, par ailleurs, le monde du tact aurait seul consistance et suffisance par soi. Chaque monde sensoriel est un monde réel, et un monde autonome. La raison, toutefois, de cette suffisance et de cette autonomie est précisément celle pour laquelle ce monde ne forme pas un monde isolé, mais ne fait qu'un, en réalité, avec tous les autres mondes sensoriels. Le monde visuel n'est pas réel parce que je puis aussi toucher les choses qu'il me manifeste. Par lui-même déjà, précisément, il me manifestait des choses, et non pas des images colorées, et c'est précisément la raison pour laquelle je puis aussi toucher ces choses, car on ne touche que des choses et non pas des fantômes. (fr) |