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Un homme d'esprit prétendait, devant des millionnaires, qu'on pouvait être heureux avec deux mille écus de rente. Ils soutinrent le contraire avec aigreur, et même avec emportement. Au sortir de chez eux, il cherchait la cause de cette aigreur de la part de gens qui avaient de l'amitié pour lui. Il la trouva enfin. C'est que par là, il leur faisait entrevoir qu'il n'était pas dans leur dépendance. Tout homme qui a peu de besoins semble menacer les riches d'être toujours prêt à leur échapper. Les tyrans voient par là qu'ils perdent un esclave. On peut appliquer cette réflexion à toutes les passions en général. L'homme qui a vaincu le penchant à l'amour, montre une indifférence toujours odieuse aux femmes. Elles cessent aussitôt de s'intéresser à lui. C'est peut-être pour cela que personne ne s'intéresse à la fortune d'un philosophe: il n'a pas les passions qui émeuvent la Société. On voit qu'on ne peut presque rien faire pour son bonheur, et on le laisse là. (fr) |