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Voilà pourquoi, à mon tour, cédant à la vanité de laisser quelque œuvre à la postérité — je ne voulais pas être le seul à me priver de la liberté d'affabuler — je me suis adonné au mensonge, bien plus loyalement que les autres : je serai véridique au moins sur un point, en déclarant que je mens. Je crois qu'ainsi je pourrai échapper à la critique, en reconnaissant spontanément que je ne dis rien de vrai. J'écris donc sur des choses que je n'ai pas vues, que je n'ai pas vécues, que je n'ai point apprises de tiers, et qui en outre n'existent absolument pas et ne peuvent pas le moins du monde se produire. Voilà pourquoi les lecteurs ne doivent en aucune façon y croire.
Je partis un jour des colonnes d'Hercule et, gagnant l'Océan du couchant, je naviguais par vent favorable. La raison et le motif de mon voyage étaient mon esprit curieux et mon envie d'aventures nouvelles, mon désir de connaître les limites de l'Océan et les êtres qui habitent au-delà. (fr) |