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Cette unité semble reposer, nous l'avons vu, sur une conception dualiste de la nature humaine, conception dont les origines assurément remontent fort loin. C'est dans l'hellénisme, toutefois, nullement dans le christianisme, qu'il convient de chercher celle-ci, s'il est vrai que le dualisme de la chair et de l'esprit ne revêt aucune signification ontologique dans l'anthropologie chrétienne. En Grèce, au contraire, l'idée qu'on se faisait de l'homme correspondait bien à celle que nous livre aujourd'hui la tradition humaniste qui voit dans la nature humaine une sorte de rapport entre deux termes opposés aux exigences desquels il doit être également satisfait. L'équilibre difficile à trouver et à maintenir entre ces termes est le but d'une éthique qui reste ainsi soumise à l'idée grecque de l'harmonie. Nous avons déjà eu l'occasion de noter, cependant, qu'aux yeux d'un tel humanisme d'origine hellénique, les deux éléments qui doivent cohabiter harmonieusement dans l'homme sont loin d'être placés sur le même plan, ce sont bien deux réalités ontologiquement hétérogènes, dont l'une reste supérieure. En tant que corps, l'homme n'est qu'un animal, c'est l'esprit qui l'élève à la dignité proprement humaine. A cet esprit, on demande seulement d'avoir en quelque sorte le libéralisme de ne point mépriser le corps. Parce que ce dernier est tenu pour une réalité objective, il demeure quelque chose de contingent, de périssable, d'inférieur. (fr) |