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Quelqu'un assurément peut dire « je souffre » alors qu'il ne souffre pas, ou encore : « Quel moment merveilleux ! » quand il n'éprouve que de l'ennui. Mais c'est la parole du monde qui parle alors, celle qui se rapporte à un référent extérieur à elle, à une souffrance simulée, à un bonheur inexistant. La souffrance qui intervient ainsi dans la proposition « je souffre » n'est que la « signification-souffrance », une représentation irréelle, un contenu mental visé par la conscience. Cette signification formée par l'esprit n'est qu'une représentation de la souffrance, non celle-ci. En lui-même, ce contenu représentatif ne souffre pas, pas plus que n'aboie le concept de chien. La parole du monde parle sur la souffrance, elle en parle comme d'une réalité extérieure à elle en effet, différente d'elle, à laquelle elle peut d'ailleurs être totalement indifférente. Elle déclare qu'il faut savoir accepter la souffrance, que celle-ci appartient à la condition humaine, ou au contraire que c'est un mal, que les multiples techniques que la science met à notre disposition finiront bien par l'éliminer. Et ce discours peut se poursuivre indéfiniment sans qu'aucune souffrance réelle soit encore impliquée par lui. (fr) |