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Michel Henry -- La question est donc : en quoi la phénoménalité de la vie diffère-t-elle de celle du monde ? En ceci que le monde comme Différence, comme extériorisation pure dévoile tout ce qu'il nous montre comme extérieur, comme autre, comme différent. Toute affection par le monde, c'est-à-dire demandant au monde sa manifestation est une hétéro-affection. Au contraire, ce que révèle la vie, c'est elle-même. La vie se révèle, elle est une auto-révélation, une auto-affection. Pour le dire en d'autres termes, elle ne se révèle pas en tant que transcendance, comme dépassement au dehors, en rendant manifeste, visible dans l'écart d'un horizon, mais en elle-même, sans sortir de soi et ainsi en s'éprouvant soi-même et non pas en montrant autre chose. Cette propriété décisive de la vie se laisse reconnaître dans chacune de ses modalités, même la plus simple. Ainsi une impression, un douleur, une souffrance s'éprouve elle-même et ainsi se révèle elle-même. Cette propriété, à vrai dire, n'est pas due à chaque impression dans sa particularité, on la retrouve dans le plaisir ou la joie aussi bien que dans la douleur, le malaise ou l'ennui. C'est la vie, la vie phénoménologique transcendantale en tant que telle, en tant qu'elle est auto-donation et auto-révélation qui donne la souffrance à elle-même, qui fait qu'elle se révèle à elle-même aussi bien que toute autre impression ou modalité de la vie. (fr) |