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C'est le premier trait décisif de la Vérité du christianisme qu'elle ne diffère en rien de ce qu'elle rend vrai. En elle il n'y a pas de séparation entre le voir et ce qui est vu, entre la lumière et ce qu'elle éclaire. Et cela parce qu'il n'y a en elle ni Voir ni vu, aucune lumière telle que celle du monde. D'entrée de jeu le concept chrétien de la vérité se donne comme irréductible au concept de vérité qui domine d'histoire de la pensée occidentale, de la Grèce à la phénoménologie contemporaine. Ce concept traditionnel de la vérité ne détermine pas seulement la plupart des courants philosophiques qui se sont succédé jusqu'à nos jours mais plus encore l'idée qu'on se fait aujourd'hui de la vérité dans le domaine de la connaissance scientifique comme dans celui du sens commun, plus ou moins imprégné de l'idéal scientifique. C'est précisément lorsque le concept chrétien de la Vérité cessera de déterminer la conscience collective de la société comme il le faisait au Moyen Age que son divorce d'avec l'idée grecque d'une connaissance et d'une science véritable se manifestera dans toute sa force. Et la conséquence sera, sinon la suppression du concept chrétien, du moins son refoulement dans le domaine de la vie privée, voire de la superstition. (fr) |