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C'est seulement dans une perspective illusoire que le problème du corps apparaît tellement contingent qu'il n'y a pour ainsi dire aucune raison de le poser. Cet homme « pur », si l'on peut dire -- l'homme abstrait réduit à sa condition d'une pure subjectivité -- n'a aucun motif de s'interroger sur un corps dont il est dépourvu, ou qui n'est tout au plus pour lui qu'un simple accessoire et comme un appendice contingent. Sujet désincarné comme le spectateur kantien des Paralogismes, il est un pur esprit qui survole le monde, et son propre corps ne peut ni intervenir dans la connaissance qu'il prend de l'univers, ni faire l'objet d'une interrogation spéciale : il constitue à la rigueur une curiosité « empirique », dépourvue de toute dignité philosophique. Mais l'homme, nous le savons, est un sujet incarné, sa connaissance est située dans l'univers, les choses lui sont données sous des perspectives qui s'orientent à partir de son propre corps. Celui-ci ne doit-il pas, par conséquent, faire le thème d'une recherche qui prendra pour objet l'homme réel, non plus l'homme abstrait de l'idéalisme, mais cet être de chair et de sang que nous sommes tous ? (fr) |