so:text
|
A qui s'éprouve comme la source de tous ses pouvoirs et de tous ses sentiments, de ses plaisirs notamment, à qui vit dans l'illusion permanente d'être un ego auto-suffisant ne tenant que de soi sa condition d'ego comme tout ce qui devient possible par elle -- agir, se sentir et jouir --, ce qui manque, ce n'est rien de moins que ce qui donne constamment cet ego à lui-même et qui n'est pas lui : l'auto-donation de la Vie absolue en laquelle seulement cet ego est donné à lui-même et, du même coup, tout ce qui lui est donné : ses pouvoirs et ses plaisirs. Ce manque terrifiant en chaque ego de ce qui le donne à lui-même -- ce qui lui manque lors même qu'il s'éprouve lui-même comme ne manquant de rien, comme se suffisant à lui-même et cela notamment dans le plaisir qu'il a d'être lui-même et de se croire la source de ce plaisir --, voilà qui détermine en lui la grande Déchirure : ce manque et ce vide absolu, la Faim que rien ne vient combler, la Faim et la Soif de la Vie qu'il a cessé d'éprouver en lui en même temps que sa condition de Fils lorsque, dans le plaisir, il s'est pris pour la source de ce plaisir et identifié à lui comme à son bien propre. « Malheur à vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim » (Luc 6,25). (fr) |