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C'est à un bouleversement du concept de la réalité comme de celui de l'action que procède le christianisme. En arrachant celle-ci à l'être extérieur comme au procès d'objectivation qui y conduit, le christianisme situe l'action au lieu qui est le sien, là où faire c'est faire effort, peiner, souffrir et cela jusqu'au moment où la souffrance de cette peine s'est changée en la joie de la satisfaction. Faire désigne cette auto-transformation intérieure pathétique de la vie, trouve en celle-ci sa seule motivation, son unique finalité et d'abord le milieu même où elle s'accomplit et où elle est possible. Car, si surprenant qu'elle puisse apparaître à première vue au réalisme naïf qui est celui de la perception ordinaire, la conception subjective de l'action est la seule qui en préserve la possibilité. Si on considère l'action comme un processus objectif semblable alors à un processus naturel, à la chute d'eau qui fait tourner la turbine, plus rien ne distingue cette prétendue action d'un processus matériel quelconque et il n'y a plus aucune action mais seulement des phénomènes objectifs. L'agir humain, son effort, sa souffrance sont alors réductibles à des séquences causales, à l'« action de la pesanteur » par exemple. (fr) |