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On dit : c’est l’œil qui voit. L’œil est un être de la nature, et d’abord un être étendu. La vision sera donc un phénomène naturel et, qui plus est, un phénomène pourvu d’une extension spatiale, ce qui est bien la plus grande absurdité que l’on puisse imaginer. Si l’on voulait passer outre à ce non-sens ontologique, on le retrouverait cependant sous la forme de cette autre difficulté : si la vision est un phénomène localisé dans l’espace, on ne voit pas du tout comment cette vision peut sortir de l’endroit où elle est et s’en aller là-bas, sur le coteau, jusqu’à cette maison que je vois, plus haut et plus loin, jusqu’à la lisière de la forêt, plus haut encore dans le ciel, et jusqu’aux étoiles. Une telle vision, d’ailleurs, ne verrait rien du tout, pas même ce qui se trouve à l’endroit où l’on prétend qu’elle est. (fr) |