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– Je vais vous dire, interrompit Martin. Quatre vingt dix pour cent des rédacteurs sont des ratés, qui n'ont pas réussi comme écrivains. Ne croyez pas qu'ils préfèrent leur corvée bureaucratique, leur asservissement au public et aux commanditaires, à la joie d'écrire. Ils ont essayé d’écrire et ils n'ont pas pu. Et voilà justement le paradoxe idiot de la chose : toutes les portes de la littérature sont gardées par ces cerbères : les ratés de la littérature. Éditeurs, rédacteurs, directeurs des services littéraires des revues et librairies, tous, ou presque tous, ont voulu écrire et n’ont pas réussi. Et ce sont ces gens là, qui ont prouvé leur manque d’originalité et de talent, qui sont chargés de juger l’originalité et le talent des autres. (fr) |