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Le monde est une énigme, un « rêve effroyable », un cortège de misères, et pourtant il est possible de percer son secret. Or c'est l'affectivité justement qui nous dévoile celui-ci : « cette essence commune des choses... se révèle avec précision à chacun de nous, mais in concreto, par le sentiment ». Et quand, grâce à cette révélation, il est enfin possible d'échapper à ce jeu de la douleur, ce sont des modalités affectives qui constituent là encore la forme concrète de cette libération : « ... joie et paix céleste », « calme profond », « sérénité intime ». En sorte qu'entre le malheur de l'homme livré au désir et le salut de l'ascète et du saint qui ont accompli en eux l'auto-négation du vouloir-vivre, il n'y a que l'espace d'une tonalité affective à une autre, une sorte de dialectique de la vie affective elle-même : « Alors... au lieu du passage éternel du désir à la crainte, de la joie à la douleur, au lieu de l'espérance jamais assouvie, jamais éteinte, qui transforme la vie de l'homme, tant que la volonté l'anime, en un véritable songe, nous apercevons cette paix plus précieuse que tous les biens de la raison, cet océan de quiétude, ce profond repos de l'âme, cette sérénité inébranlable... » (Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation). (fr) |