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En ces années-là, Nilli sortait avec le sel de la terre, et moi, je n'avais pas la folie des grandeurs : quand la princesse, environnée d'une nuée de soupirants, passait devant la cahute d'un serf, ce dernier se contentait de lever les yeux sur elle, ébloui, et de se féliciter de sa bonne fortune. La nouvelle avait donc fait sensation, à Houlda et dans les environs, quand on apprit que le soleil éclairait soudain la face cachée de la lune. Ce jour-là, à Houlda, les vaches pondirent des œufs, du vin jaillit de mamelles des brebis et les eucalyptus sécrétèrent du lait et du miel. Des ours polaires surgirent derrière la bergerie, on vit l'empereur du Japon déclamer du A.D.Gordon près de la buanderie et « les montagnes suintaient du jus de raisin et toutes les collines se liquéfiaient ». Le soleil brilla soixante-dix-sept heures au-dessus des cyprès et refusa de se coucher. Et moi, je m'enfermai dans les douches désertes et questionnait tout haut : miroir, miroir, dis-moi, comment est-ce arrivé ? Qu'ai-je fait pour mériter ça ? (fr) |