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La sensation est toujours là où elle est, et ce « là » ne cesse précisément d'être totalement indéterminé et ne devient une détermination spatiale à proprement parler que sous la condition d'un mouvement réel ou possible de mon regard qui le situe, qui le détermine spatialement par rapport à moi. C'est à ce moment qu'il devient possible de dire que telle sensation visuelle se trouve ici ou là, que le bleu pâle du ciel est au-dessus des noirs, des bleus, des violets de la forêt d'hiver. L'unité de nos sensations visuelles ne s'établit donc pas directement entre elles, ce n'est pas une unité immédiate, elle résulte de la médiation de notre pouvoir sur elles, c'est-à-dire de l'unité du mouvement subjectif de notre regard. C'est dans notre pouvoir sur lui que réside originairement l'unité du monde, cette unité s'accomplit au stade même de la constitution sensible de l'univers, et d'une façon qui est immanente à l'exercice de chacun de nos sens pris en particulier et séparément de tous les autres. C'est par les mouvements de mes yeux que je m'empare de toutes les choses, et c'est d'abord en les ouvrant qu'un spectacle visuel se manifeste à moi. (fr) |