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Une telle morale est-elle ou non un individualisme? Oui, si l’on entend par là qu’elle accorde à l’individu une valeur absolue et qu’elle reconnaît qu’a lui seul le pouvoir de fonder son existence. Elle est individualisme au sens où les sagesses antiques, la morale chrétienne du salut, l’idéal de la vertu kantienne méritent aussi ce nom ; elle s’oppose aux doctrines totalitaires qui dressent par-delà I’homme le mirage de l’Humanité. Mais elle n’est pas un solipsisme, puisque l’individu ne se définit que par sa relation au monde et aux autres individus, il n’existe qu’en se transcendant et sa liberté ne peut s’accomplir qu’à travers la liberté d’autrui. Il justifie son existence par un mouvement qui, comme elle, jaillit du coeur de lui-même, mais qui aboutit hors de lui.
Cet individualisme ne conduit pas à l’anarchie du bon plaisir. L’homme est libre ; mais il trouve sa loi dans sa liberté même. D’abord il doit assumer sa liberté et non la fuir; il l’assume par un mouvement constructif : on n’existe pas sans faire; et aussi par un mouvement négatif qui refuse l’oppression pour soi et pour autrui. (fr) |