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Etait-ce le froid de la nuit venue ? Je frissonnais, tandis qu'il me semblait entendre derrière moi, dans la chambre même où je me tenais, un bruit insolite, comme un frôlement fugitif et déjà évanoui. Je quittai la fenêtre, encore ébloui par les splendeurs du couchant et gagnai à tâtons, à travers le désordre de la pièce, l'endroit d'où était venu le bruit. Tandis que mes yeux s'habituaient à la pénombre, je distinguai sur le sol une tâche claire et, me penchant vers elle, saisis une feuille de papier glissée sous ma porte. C'était un message comme on disait qu'il en circulait de plus en plus à Aliahova. Je lus, je crois sans trembler, une grande écriture ferme et ce qu'elle disait rendait tout commentaire superflu :Sahli, on te crèvera.Ouvrant brusquement la porte, je me précipitai dans le couloir qui, au dernier étage du palais que j'habite, dessert des pièces réservées autrefois aux domestiques et dont l'une est ma demeure. Il était vide. J'écoutais, haletant. Etait-ce, tout en bas des étages, le dernier pas de l'homme qui fuyait, ou celui d'un passant, ou la rumeur de la rue ? Mais je savais maintenant de quoi l'avenir serait fait. (fr) |