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Toutefois, nous l'avons laissé entendre, la monumentalité de l'art synthétique auquel songe Kandinsky ne tient nullement au nombre des moyens mis en œuvre ni à son simple accroissement. Que dans un bâtiment des peintures murales, des sculptures, la répartition de la lumière, la disposition des espaces, s'ajoutant à la simple fonctionnalité de l'architecture, confèrent à celle-ci la possibilité de répondre à l'appel pluriforme de la sensibilité humaine et lui donne l'occasion d'exercer sa richesse potentielle, c'était bien là le programme du Bauhaus. Seulement Kandinsky avait compris que, sous peine de verser dans la grandiloquence illustrée par le néo-classicisme des années trente, la synthèse des arts ne peut être que subjective, puisant dans la force du pathos, dans ses conflits internes et dans son destin, le principe unique et différencié de ses constructions. Ce sont les tonalités affectives que travaille directement l'abstraction kandinskienne, c'est à les définir, à les dévoiler, à les affiner, à les superposer, à les combiner, à scruter et à provoquer leur histoire, leurs transformations secrètes qu'elle s'emploie. La monumentalité qu'elle édifie, c'est celle de la vie rendue à l'intégralité de ses pouvoirs. La création esthétique n'est pas différente de l'édification de cette monumentalité intérieure. (fr) |