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Dès le lendemain du voyage aérien, le duc vint dire à notre écuyer de se tenir prêt à partir pour son île, où ses nouveaux sujets l’attendaient comme on attend la rosée du mois de mai. « Monseigneur, répondit Sancho en faisant une profonde révérence, mes sujets ainsi que Votre Altesse, sont assurément beaucoup trop polis ; mais je ne vous cacherai point que depuis que du haut du ciel j’ai vu la terre, au-dessous de moi, plus petite qu’un grain de moutarde, je ne me soucie plus autant de devenir gouverneur. Qu’est-ce, en effet, je vous le demande, que de commander dans un petit coin d’un grain de moutarde ? Cela vaut-il la peine de s’en tourmenter ou d’en être fier ? Le plus sage est de s’en tenir à l’état où la fortune nous a placés ; d’y mener une vie obscure, irréprochable, tranquille, sans se mêler de gouverner quelques domaines de ces petits hommes, qui de près ne sont pas grand-chose, et d’un peu plus loin ne sont rien du tout. (fr) |