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Avec l'immanence de la volonté nous sommes reconduits à l'essence de la vie. La vie est l'épreuve originelle de soi dans le souffrir soi-même, de telle sorte que, sur le fond de cette essence qui fait de lui un vivant, tout ce qui vit est rivé à soi pour être à jamais ce qu'il est. L'homme, selon Schopenhauer, est cloué à la roue d'Ixion, condamné à vouloir d'un vouloir sans fin. Cet être-rivé-à-soi, cette condition qui est celle de la volonté, ce n'est pas la volonté qui se la donne à elle-même, elle ne résulte ni de son vouloir ni de son pouvoir. Dans l'essence du vouloir réside son anti-essence, le ne pas pouvoir se vouloir ou ne pas se vouloir dans ce vouloir lui-même. Ce ne pas pouvoir est la plus grande force. Dans la volonté gît une force plus grande qu'elle qui la précède et contre laquelle elle ne peut rien, la force qui la livre à elle-même et à son être propre. Cette force est celle de la vie, elle est la force de l'être, le rassemblement édificateur qui donne toute chose à elle-même. Une telle force qui n'est pas l'action de la volonté, qui n'est pas une action mais son contraire, est la passion de l'être, le souffrir primitif en vertu duquel l'essence de l'être est identiquement celle de la vie. Après l'immanence et comme sa condition ultime, toute philosophie de la vie rencontre inévitablement sa seconde détermination essentielle : l'affectivité. (fr) |