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La peur comme moyen de gouvernement, ce n'est pas une idée tellement nouvelle. Je m'intéresse à l'histoire, vous savez : c'est fou le nombre de régimes qui reposent ou qui ont reposé sur la peur. Ce qui est nouveau, c'est d'avoir fait de la peur le principe d'une démocratie. Pas un principe abstrait, comme ceux qu'on nous chante à l'oreille : liberté, égalité, etc. Des principes à quoi rien ne correspond. La peur est un principe actif, qui fonctionne vraiment, qui fait marcher et même courir tout le monde. Le pays tout entier devient une piste de marathoniens. Evidemment, il ne faut pas surestimer les vertus de la peur. Les gens font semblant de se presser plus qu'ils ne se pressent vraiment. Ils ne s'activent que lorsqu'ils pensent que quelqu'un peut les voir. Mais enfin, la peur maintient l'activité sociale à un niveau minimal, qui permet encore la survie du groupe. Voyez l'URSS ! Dès que le système de la terreur a pris fin, tout s'est arrêté, plus personne ne faisait rien. Le régime s'est écroulé. Vous croyez que j'exagère ?
-- Pas du tout, lui dis-je avec douceur. Je pense comme vous. (fr) |