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Mais comme le premier texte inscrit sur mon corps me permet de lire le second, c'est le livre du monde tout entier dont il me dévoile le secret : les mouvements de ces mains et de ces pieds, qui sont les miens, de ces doigts, de ce regard, ces ongles et ces dents, comme ils sont semblables à ceux que je vois autour de moi chez les animaux, aux contractions et aux déplacements de ces pédoncules, de ces tentacules, de ces antennes, de ces griffes, à toutes ces bouches et à tous ces sexes à travers lesquels déferle la même force obstinée, le même vouloir qui ne cesse de vouloir ce qu'en apparence il n'obtient jamais. Et même dans le monde minéral la structuration des choses, la stratification des roches, des terrains, l'aimantation des champs magnétiques, les configurations des cristaux trahissent partout à l'œuvre la même force de cohérence que celle qui fait la cohésion des groupes sociaux et des sociétés tout entières. Ainsi donc le voile se lève d'un coup sur tous les hiéroglyphes de l'univers : ils ne sont que les phénomènes et les représentations diverses d'un même vouloir-vivre. Mais celui-ci, la réalité de toute chose, la chose en soi, ne se révèle qu'en moi, dans mon corps originel dont l'apparaître immanent est l'apparaître immédiat de ce vouloir lui-même. (fr) |